Saint-Nazaire : rencontre avec Aashti Miller, l’artiste derrière la nouvelle fresque des Escales
La jeune femme originaire de Mumbai porte son regard sur notre ville, et ses pinceaux sur ses murs, pour y retranscrire l'alchimie des lignes et paysages offerts.
Depuis le lundi 3 juin, une nouvelle fresque prend peu à peu formes et couleurs sur la façade de l'immeuble Silène Concerto, à l'angle de la rue Beaumarchais et de la rue du Commandant Gaté. Jour après jour, les passants découvrent les nouveaux détails de l'oeuvre street art réalisée sous leurs yeux par l'artiste indienne Aashti Miller. Architecte, illustratrice et graphiste, elle dessine et construit méthodiquement une peinture monumentale de 203 m2, en assemblant sur la façade les pièces de cette oeuvre qu'elle a choisie de nommer Kuch Khoya - Kuch Paya (en Français quelque chose perdu - quelque chose trouvé).
Un partenariat entamé en 2015 avec Silène
C'est en 2015, qu'une première fresque des Escales est réalisée par l'artiste Chilien Inti sur l'île du Petit Maroc. « Valparaiso était à l'honneur pour cette édition. Une ville dont les murs sont ornés de milliers de graffs d'artistes street art. Cela n'avait pas de sens de faire venir des musiciens sans montrer ce symbole culturel de leur ville » rappelle Jérôme Gaboriau, responsable de la programmation. “La fresque des Escales” est depuis réalisée chaque année par un nouvel artiste invité, sur la façade d'un immeuble Silène, qui prend en charge le financement nécessaire à la réalisation de l'oeuvre. Elle offre un avant goût de l'édition qui se prépare, pour emmener le public au-delà de la simple programmation musicale. De nouveaux horizons se sont encore ouverts en 2022 avec le lancement d'un volet globe-trotter, sous forme de collaboration avec des festivals du monde entier. Et c'est en Inde cette année, au Festival Echoes of Earth, ("the indian greenest music festival" !), que la rencontre s'est opérée avec Aashit Miller. Sa venue à Saint-Nazaire est également sa première venue en France.
Que signifie pour toi le nom de cette œuvre ?
Kuch Khoya - Kuch Paya signifie quelque chose de perdu, quelque chose de trouvé. Elle révèle des morceaux de la ville qui sont oubliés, et d'autres que l'on peut imaginer dans le futur. Je suis aussi architecte, et j'aime toujours découvrir cet aspect des villes. Avant de venir, j'ai fait de longues recherches sur mon ordinateur avec Google. Mais lorsque tu arrives et découvres la ville en vrai, avec tous ses habitants autour de toi, c'est complètement magique.
Aujourd'hui à Saint-Nazaire, es-tu une architecte ou une illustratrice ?
Je suis toujours à la fois une architecte et une illustratrice, jamais l'un ou l'autre. C'est juste un changement d'échelle. Réaliser une peinture grand format me ramène à des proportions comparables à celles de l'architecture. Une peinture monumentale est pour moi la contribution ultime à une ville. Comme d'autres que j'ai pu réaliser à Birmingham, ou en Allemagne. J'aime également pouvoir travailler en extérieur, pour être capable de voir et toucher ce que je réalise. C'est impossible depuis un bureau !
Quelles ont été tes premières impressions à Saint-Nazaire ?
J'ai tout d'abord découvert la plage aux premiers jours de l'été. Et c'était vraiment agréable de voir toutes ces personnes dehors, visiblement heureuses de se retrouver. Je suis aussi allée au phare du Vieux Môle, et dans d'autres endroits de la ville. Je me suis beaucoup documentée sur Saint-Nazaire et sur la Brière avant de venir. Mais quand tu vois quelque chose sur un écran, ce n'est jamais aussi bien que la réalité. Ce sont tous ces détails qui se retrouvent ensuite intégrés à la fresque.
Peindre sur un mur arrondi, c'est nouveau pour toi ?
Oui, c'est différent, mais je suis toujours heureuse d'essayer quelque chose de nouveau. C'est juste un peu plus difficile quand on doit bouger d'un endroit à un autre avec la nacelle ! Je commence tôt le matin et je travaille environ 9h par jour. Les gens s'arrêtent et viennent me voir, on echange des gestes car on ne peut pas se parler en Français, mais je comprends qu'ils apprécient ce que je fais. Le tracé a été réalisé les premiers jours et j'applique ensuite les couleurs, ce qu'il faut de contraste entre les couleurs chaudes et froides.
Tu vis toujours à Mumbai en Inde ?
Oui, j'ai y réalisé plusieurs “murals”. C'est aussi là que j'ai créé MillerInk, un studio de graphisme et d’illustration. J'ai passé mon diplôme d'architecture aux États-Unis, et je travaille aussi pour des festivals, ou en d'autres formats pour des livres et des magazines. C'est la première fois que je viens en France. Après l'inauguration le 14 juin, je pourrai en profiter pour aller visiter Paris.