Chantiers de l’Atlantique : le beau livre photo qui va vous faire tomber amoureux de l’industrie navale

Le livre "Chantiers de l'Atlantique" du photographe Bernard Biger, émaillé des textes de Véronique Couzinou, nous emmène d'escale en escale dans un voyage poétique et humain, au coeur des Chantiers de Saint-Nazaire.

Passionné de photographie, Bernard Biger est entré au service communication des Chantiers de l'Atlantique à la fin des années 90. Photographe freelance pour les chantiers depuis 2012, il a depuis suivi, muni de son appareil, toutes les grandes heures du fleuron industriel nazairien. En shootant paquebots, navires de guerre, ou éoliennes. Pour son travail, mais aussi souvent pour son propre plaisir… De ces 12 années passées dans les cales, les bureaux et sur les ponts, il en a gardé près de 90 000 photos. Témoin discret, il s'est glissé derrière les soudeurs, s'est penché du haut des portiques, assis aux côtés des équipages, et a immortalisé toutes celles et ceux qui œuvrent chaque jour dans l'anonymat à construire ces incroyables objets géants, avec une incomparable précision d'orfèvre. Véronique Couzinou, journaliste correspondante au journal Le Marin, a mis ses mots sur ces instants magiques, munie de sa plume d'amoureuse des paquebots et de leur histoire. Il en est né ce livre d'atmosphère, Chantiers de L'Atlantique, paru en octobre dernier aux éditions de la Martinière.

Un duo amoureux de la navale

Que faire de ses 90 000 photographies conservées au fil des années ? Il y a un peu plus de 2 ans, le photographe des Chantiers de l'Atlantique Bernard Biger a débuté un travail de tri et de sélection, en classant ses clichés par thème, par couleur, par navire, femmes et hommes au travail. Les Chantiers vivaient alors une époque inédite, avec la construction de paquebots innovants, de navires de guerre, l'essor de l'éolien en mer, l'arrivée de la propulsion vélique… « J'ai fait ça pendant 6 mois, en composant une sorte de livre personnel de 200 pages, puis j'ai réalisé qu'il lui manquait des textes » raconte-t-il. Bernard Biger est alors plongé dans la lecture du Dictionnaire insolite des paquebots, livre de Véronique Couzinou, correspondante au journal Le Marin, et dont le chemin croise souvent le sien aux chantiers. « Je lui ai montré le projet, elle a aussitôt accepté de participer » raconte le photographe.

Carte blanche des Chantiers de l'Atlantique

Le duo a ensuite frappé à la porte des Chantiers de l'Atlantique pour présenter son projet. « On a expliqué le livre que l'on imaginait. Un livre d'atmosphère, différent de ceux déjà parus sur le sujet. Avec cette idée d'un voyage photographique, ponctué d'escales plutôt que de chapitres. Pour montrer à la fois la réalité du chantier, comment on y travaille, cette petite ville dans la ville qui est le cœur battant de Saint-Nazaire, et en même temps y glisser un petit peu de technique. Mais pas trop, pour que ce livre soit lisible de tous, même de ceux qui ne connaissent pas la Navale » détaille Véronique Couzinou. Car il n'est nul besoin d'être ingénieur pour saisir la beauté des gestes au fil des 154 photos du livre. Laurent Castaing, Directeur général des Chantiers de l'Atlantique, leur donne carte blanche. Il signera ensuite la préface de l'ouvrage, et commandera à sa parution 4 000 exemplaires. Un pour chacun(e) de ses salarié(e)s.

Un témoin discret et invisible

90% des 154 photos ont été prises depuis 2016, « avec un œil différent qui n'est pas celui d'un technicien. C'est je pense ce qui a intéressé les Chantiers. Faire visiter aux personnes de l'extérieur des endroits inconnus dont j'ai les clés, mais aussi aux gens qui y travaillent, qui n'ont pas l'habitude de monter dans un portique ou de descendre dans une cuve de gaz » relate Bernard Biger. Plusieurs années auparavant, le directeur de la communication des chantiers lui avait lancé ce challenge des hommes et des femmes au travail. Il en garde aujourd'hui une série impressionnante de visages attentifs sur leurs gestes et de corps tendus vers les paquebots naissants. Sans mise en scène, ils sont saisis sur le vif par le photographe dont la présence est si familière, qu'il en est devenu invisible. Et il parvient à retranscrire en image des instants magiques, sans jamais perturber le cours de leur travail.

Une touche de poésie

« En lisant les textes de Veronique Couzinou, j'ai eu parfois l'impression qu'elle était là avec moi, au moment de prendre la photo » s'étonne encore Bernard Biger. La journaliste s'est plongée dans l'image, pour apporter sa touche littéraire et poétique. Avec ses propres mots, ou à travers des citations, de Julien Gracq, de Blaise Cendrars, Jules Verne, Jules Lecomte. Ou même Françoise Hardy, en introduction d'une série nommée L'heure Bleue, la préférée sans doute de Bernard et Véronique. Quand la nuit touche à sa fin, que le soleil n'est pas encore apparu à l'horizon, et que le ciel pur d'un bleu profond emplit l'espace. « C'est un instant unique qu'il est donné à peu de personnes d'admirer au coeur des chantiers » souligne le photographe. Décrocher la lune, vents portants, savoir-faire des étincelles, dans le secret des nefs, passeurs de savoirs, jours de fêtes, une ville flottante… Les escales se succèdent, et prouvent en tournant les pages, que l'industrie peut être belle, et aussi surtout, qu'il n'y a pas de grosses machines sans un homme ou une femme derrière. Bernard Biger et Véronique Couzinou seront en dédicace le samedi 14 décembre à 14h au Comptoir de la Mer, 4 boulevard René Coty à Saint-Nazaire.