Saint-Nazaire : un bâtiment emblématique mis en vente au Petit-Maroc
L'association Le Vieux Saint-Nazaire propose à la Ville de se porter acquéreur de l'immeuble qui abritait autrefois les services de contrôles sanitaires maritimes, à côté de l'usine élévatoire.
Sur l'île du Petit Maroc, deux bâtiments marqueurs de l'histoire de la Ville et de son activité portuaire attendent des jours meilleurs. La première construction, l'ancienne usine élévatoire, est la propriété du Grand Port. Inscrite depuis 2020 aux Monuments Historiques, sur demande du Vieux Saint-Nazaire, elle est également au centre d'un projet de reconversion en brasserie contesté par des habitants du quartier. Juste à côté, le bâtiment des anciens services sanitaires maritimes fait partie du domaine de l'État, qui le met en vente. « Ces deux bâtiments, qui sont désaffectés depuis un certain nombre d’années, ne sont pas entretenus et se dégradent » s'alarme l'association de défense et promotion du patrimoine nazairien. Avec le souhait de relancer une réflexion pour la création d'un musée dédié à l'histoire du port et de la vie portuaire, celle-ci a adressé un courrier le 15 février dernier au Préfet et au Président du Directoire du Grand Port, et relayé au maire de Saint-Nazaire
Unique témoin du système de contrôle sanitaire sur la façade atlantique
Construit au début du XXème siècle par l'architecte Aimé Tertrais, le bâtiment du 4 rue Hippolyte Durand situé à côté de l'usine élévatoire abritait jadis les services de contrôles sanitaires maritimes. Après avoir essuyé un refus d'inscription aux Monuments Historiques, un recours est actuellement en cours d'instruction auprès du Tribunal Administratif de Nantes. Pour argumenter et obtenir l'annulation de ce rejet, l'association Le Vieux Saint-Nazaire a patiemment rassemblé des archives témoignant de sa valeur patrimoniale et historique. « Il est le seul témoignage qui subsiste en Atlantique de ce dispositif de contrôle aux frontières des personnes et des marchandises, qui était en opération à l’époque où les voyages intercontinentaux se faisaient par bateau. Les bâtiments des autres services présents sur l’Atlantique et la Manche (Dunkerque, Le Havre, Brest et Pauillac) ont été détruits » rappelle l'association. Mais le temps presse, car l'État a désormais décidé de s'en défaire. « Ce bâtiment datant du début du 20e siècle, d'une surface de 450 m² sur une parcelle de 1000 m², a été jugé inutile à la préfecture et au ministère des Armées. Il est en cours de cession et sa commercialisation a été confiée par l'Etat à Agorastore » confirme le cabinet du Préfet. Pour Le Vieux Saint-Nazaire, c'est un élément clé de transmission historique, elle propose donc un rachat par la Ville, « notre association la soutiendra dans une démarche de cet ordre. Une cession de la part de l’Etat pour l’Euro symbolique serait à notre avis justifiée ».
Un recours contre le projet de brasserie dans l'usine élévatoire
Juste à côté, le projet de brasserie dans l'ancienne usine élévatoire fait actuellement l'objet d'un recours contre le permis de construire, de la part d'habitants du quartier. L'entreprise Les Brassés avait remporté l'appel à manifestation d'intérêt lancé par le Grand Port en 2017. À l'époque, la proposition du Vieux Saint-Nazaire d'y créer un Conservatoire des Arts et Métiers n'avait pas été retenue. Pourtant, celle-ci se dit toujours sceptique sur la validité économique du projet de brasserie, à cause notamment des problématiques de stationnement, de la présence de l'écluse, et de l'ampleur du projet, « une capacité d’accueil de plus de 600 personnes, ce qui s’apparente aux établissements de Nantes que sont la Little Atlantique Brewery à Nantes-Chantenay ou le Hangar à Bananes sur l’île de Nantes ». Elle souligne à nouveau, dans son courrier au Préfet et au Grand Port, l'intérêt patrimonial et historique de l'ensemble. « Par le présent courrier, il ne s’agit pas ici, pour notre association, de revenir sur ces projets mais seulement de rappeler que l’utilisation de ces deux bâtiments doit être orientée vers la valorisation du patrimoine maritime et que cela est du domaine du possible, comme nous le suggérions justement à travers nos projets ». Le Vieux Saint-Nazaire n'a à ce jour pas reçu de réponse à son courrier.