Au Croisic, les pêcheurs s’interrogent : pourquoi autant de poulpes dans les casiers ?
Un impressionnant specimen de 7kg a été capturé et confié à l'Océarium.
Ils sont de retour ! Depuis quelques semaines, les pêcheurs du Croisic voient remonter dans leurs casiers une foule de bras tentaculaires. Les poulpes ont envahi la côte et font un retour remarqué dans les filets des pêcheurs. Des créatures aussi intelligentes que voraces qui refont parler d’elles, depuis qu'elles ont fait leur apparition en nombre en 2021.
Pourquoi tant de poulpes ?
Sur les quais, la surprise passée, la curiosité domine. Pourquoi un tel retour ? Plusieurs pistes circulent. Le réchauffement climatique, la construction du parc éolien en mer, ou encore la raréfaction des congres, grands prédateurs du poulpe. Mais pour les biologistes, une hypothèse tient la corde. Celle du « super recrutement ». En clair, une génération exceptionnelle de jeunes poulpes aurait bénéficié de conditions parfaites dès les premiers mois de leur vie avec une eau plus chaude, une nourriture en abondance, peu de prédateurs et des courants favorables. Une nuée de céphalopodes a ainsi échappé à la sélection naturelle, quand, d’ordinaire, 98 % d’entre eux n’atteignent jamais l’âge adulte.
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Une belle pêche du caseyeur Isalia
Cette explosion démographique se ressent aujourd’hui dans les fonds de la région. Le poulpe, amateur de crabes, de homards et de coquilles Saint-Jacques, trouve ici un garde-manger de rêve. Mais cette profusion a aussi son revers. La pression sur certaines espèces côtières augmente, et les scientifiques observent de près les effets possibles sur l’équilibre de l’écosystème. Animal fascinant, le poulpe cumule les singularités. Il dispose de neuf cerveaux, trois cœurs, un corps sans os et un bec tranchant. Il vit à toute allure (deux à trois ans seulement) — et meurt après la ponte, fidèle à sa nature sémelpare. Entre-temps, il peut pondre jusqu’à 500 000 œufs et dévorer plusieurs crustacés chaque jour. Et la surprise du jour ne s’est pas fait attendre. Un spécimen de près de 7 kilos vient tout juste d’être pêché par le caseyeur Isalia du Croisic. Il a été confié à l’Océarium, où il rejoindra sans doute les stars de l’automne : ces étonnants poulpes qui, décidément, n’ont pas fini de captiver la côte atlantique.
