Fonds de dotation du Centre Hospitalier de Saint-Nazaire : « une privatisation rampante » dénonce Matthias Tavel
Le député de la 8ème circonscription de Loire-Atlantique se dit opposé à la création de ce fonds, destiné à ouvrir le financement de certains projets aux acteurs économiques privés locaux.
Le Centre Hospitalier de Saint-Nazaire a annoncé son intention de créer un fonds de dotation. Destiné à soutenir « des projets d'amélioration de l’accueil et des conditions de séjour, à renforcer la qualité de vie au travail des professionnels, et favoriser l’innovation médicale et technologique », ce fonds s'appuiera sur les acteurs économiques locaux, qui pourront engager leur participation en numéraire, en équipement, ou en services, moyennant des contreparties. Un appel à rejoindre cette initiative leur a été lancée pour financer 5 premiers projets : La domotisation d’une chambre de l’Unité de Soins Palliatifs, l’organisation d’un congrès de cardiologie, l’ouverture de la préservation sociétale au centre de fertilité Fertiloa, l’aménagement des jardins de la Résidence Cassiopée, ou encore un tiers-lieu et espace de co-working pour les cadres. Le député Matthias Tavel, estime que ce fonds « est une mauvaise réponse aux réelles difficultés de l’hôpital public ».
« La création d’un fonds de mécénat pour l’hôpital n’apporte aucune réponse à ses difficultés majeures »
« Comme je l’ai exprimé au sein du conseil de surveillance du centre hospitalier, je m’oppose à cette création (…) La tarification à l’activité, l’austérité budgétaire, le manque de personnel et les conditions de travail difficiles menacent les hôpitaux publics d’effondrement. Ils ne tiennent plus que par le dévouement sans faille des soignants souvent épuisés. A Saint-Nazaire, ces difficultés sont aggravées par celles liées au bail emphytéotique de l’hôpital (BEH) qui lie l’hôpital à un propriétaire privé, issu du partenariat public-privé lors de la construction de l’hôpital : étranglement financier et grande difficulté à faire fonctionner et développer l’hôpital » déclare Matthias Tavel. Le député dénonce le silence des gouvernements successifs sur le sujet, qui « menace gravement la santé publique de la population du bassin nazairien », et estime en outre, que ce fonds de mécenat n'apportera aucune réponse aux difficultés majeures de l'établissement hospitalier.
L'Hôpital sur la même mauvaise logique que l'enseignement supérieur
Matthias Tavel redoute que le fonds de dotation ne fasse entrer l’hôpital de Saint-Nazaire dans la même logique que dans l’enseignement supérieur, avec « des structures étranglées financièrement qui sont forcées de se tourner vers la charité intéressée, d’abord de façon ponctuelle et symbolique, puis de plus en plus ». Le député rappelle que « en République, le seul mécénat s’appelle l’impôt ou la cotisation qui mutualise le financement des dépenses et garantit l’intérêt général. A l’inverse, le mécénat pousse à négocier des contreparties, à flécher les financements non vers ce dont la population a besoin mais vers ce que les mécènes veulent bien financer pour valoriser leur image. Le risque de conflit d’intérêt est inhérent et aucune charte éthique ni bonne volonté n’est assez solide pour y résister durablement, a fortiori dans un contexte budgétaire difficile. Enfin, dans un bassin industriel où les problèmes de santé publiques sont nombreux et majeurs, le risque est grand que certains acteurs économiques profitent de cette opportunité de financer l’hôpital pour améliorer leur image sans modifier leurs comportements portants atteinte à la santé publique ou à celle des salariés et à l’environnement ». Le député estime que l'État devrait d'abord résoudre les difficultés liées au bail emphytéotique et au budget de l’hôpital, plutôt que de l'engager « dans une nouvelle étape de privatisation rampante ». « A l’image du greenwashing, la recherche d’un « healthwashing » est certain. Au lieu de pousser le centre hospitalier de Saint-Nazaire dans les bras d’un nouveau partenariat avec le privé, l’État devrait résoudre ses difficultés et tirer les leçons des PPP passés » déclare Matthias Tavel.