Saint-Nazaire : Mathieu Delannoy signe un couteau de marin pour le Belem

Le coutelier nazarien s’associe pour la 2ème fois à la Fondation Belem, et crée un couteau qui prolonge, dans la paume de la main, la légende du trois-mâts.

Il y a deux ans, alors que le Belem était en travaux à Saint-Nazaire, Mathieu Delannoy avait réalisé un premier couteau d’exception, forgé à partir d’acier issu de la coque et de bois du pont, en série très limitée. Alors que le trois-mâts est revenu pour un nouveau chantier d'hiver dans la cité portuaire, l'artisan coutelier repart sur une nouvelle collaboration avec la Fondation Belem, cette fois-ci avec un second modèle plus accessible pour le grand public. Mais toujours avec ce même esprit du compagnon indispensable. Celui que l’on gardait autrefois toujours sur soi, en mer comme à terre.

D’un hobby à la coutellerie d’art

Pendant près de vingt ans, la coutellerie n’a été qu’un hobby pour Mathieu Delannoy. Avec en tête une image, celle de son grand-père, qui sortait toujours son couteau de sa poche, pour manger comme pour bricoler. « Un couteau, c’est très personnel, ça ne se prête pas » raconte-t-il. Il y a sept ans, un licenciement économique vient tout bousculer dans sa vie. Il décide de transformer sa passion en métier, et passe un CAP de coutellerie. « En tant qu’autodidacte, on n’a aucune barrière, les possibilités de création sont infinies dans le design, la forme, les matériaux. Pour le côté technique, c’est différent » sourit-il. La formation lui apporte ce qu’il lui manquait dans la maîtrise des aciers, du pliant, des traitements thermiques, de tous ces détails invisibles qui font la qualité d’un couteau d’art. Aujourd’hui, il réalise des pièces uniques, et travaille sur mesure pour des particuliers, ou des professionnels et restaurants (les couteaux de table du restaurant Topaze par exemple).

La mer comme fil conducteur

La mer, une deuxième passion, est le fil conducteur du coutelier, et l’univers maritime imprègne ses créations, avec cette idée du couteau comme « premier outil de l’homme ». « L’un de mes premiers couteaux réalisés était un couteau pliant de marin » se souvient-t-il. Il n’est donc pas étonnant que son travail ait croisé la route d’un autre symbole maritime. Il y a 2 ans, Mathieu Delannoy contacte la fondation Belem avec l'idée de fabriquer un couteau de marin d’exception, à partir d’éléments de récupération du navire lui-même. Son travail séduit la fondation, comme un morceau d’histoire à glisser dans sa poche. Manche taillé dans le bois issu du pont du Belem, lame forgée de type “sandwich" avec au coeur un acier provenant de la coque du trois-mâts… Ce couteau fabriqué entièrement à la main voit alors le jour en 20 exemplaires seulement. Mais l'idée de proposer ensuite une deuxième version, plus accessible pour le grand public, est déjà en tête.

Un deuxième couteau Belem

Cet hiver, le Belem est de nouveau en chantier à Saint-Nazaire. Et pendant que le trois-mâts se refait une santé, la collaboration se poursuit à terre, avec la naissance d'un second couteau. Toujours sous licence officielle de la Fondation Belem, il est proposé à 150 euros contre 500 euros pour la première version. « C’est un couteau de poche, un couteau à tout faire » résume le coutelier. Les matériaux ne sont plus issus du Belem. Techniquement, il s’agit d’un pliant à cran carré, avec une lame inox MA5 satinée de 8,5 cm portant la gravure Belem, et un manche en ébène de 10,5 cm. Pour en faire baisser le prix, certaines pièces sont désormais découpées au laser, ce qui permet à l'artisan de produire jusqu’à six couteaux par jour, là où le premier modèle nécessitait deux jours de travail pour un seul couteau. Mais l’essentiel reste dans les mains du coutelier. Ajustage, assemblage, finitions, polissage… Et alors que les 130 ans du Belem approchent, on devine déjà que d’autres projets pourraient naître... En attendant, ceux qui le souhaitent peuvent pousser la porte de l’atelier de Mathieu Delannoy… ou même s’inscrire à l’un de ses stages, pour apprendre à fabriquer, eux aussi, l’objet qu’ils garderont un jour au fond de leur poche.