Affaire Deniaud Arnout : la victime présumée se dévoile
Le collectif "#IlsNeNousFerontPasTaire" a tenu aujourd'hui une conférence de presse où Gaëlle Betlamini-Da Silva a pris la parole en larmes.
Sarah Trichet-Allaire, Laurianne Deniaud, Gaëlle Bénizé-Thual et Catherine Rougé, ont pris la parole à tour de rôle lors d’une conférence de presse organisée ce matin. Après avoir précisé les circonstances ayant conduit à une plainte en diffamation de l’adjoint Martin Arnout contre la 1ère adjointe Laurianne Deniaud, la conseillère municipale Gaëlle Betlamini-Da Silva a révélé en larmes son identité de victime présumée, sa souffrance, et l’injustice qu’elle ressent devant la violence qui s’est déchaînée sur elle depuis qu’elle a parlé au maire David Samzun.
Laurianne Deniaud : « nous avons fait le choix d’alerter notre maire »
La 1ère adjointe Laurianne Deniaud a précisé les différentes dates ayant précédé la plainte en diffamation de Martin Arnout.
Novembre 2017 : « alors que la parole des femmes commençait tout juste à se libérer, l’une d’entre nous nous a confié avoir été victime d’une relation non consentie » commence Laurianne Deniaud.
27 avril 2018 : « Après de nombreux échanges, devant ces témoignages réitérés, et après avoir discuté de nos possibilités d’action, parce que d’autres éléments nous faisaient avoir d’autres inquiétudes, nous avons fait le choix d’alerter notre maire au cours d’un déjeuner. Notre volonté était de permettre au maire d’agir au sein de l’équipe municipale pour protéger les victimes potentielles. Nous voulions le faire dans un cadre permettant au maire d’agir le plus efficacement possible sans déstabiliser notre action municipale. Quelques jours plus tard, l’adjoint concerné connaissait nos noms à toutes et celui de la victime potentielle ainsi que tous les faits qui lui étaient reprochés » poursuit-elle.
4 juillet 2018 : « Lors d’un déjeuner le maire rencontre pour la première fois depuis notre alerte la victime présumée, et recueille devant nous sa parole. Elle parle alors explicitement devant lui d’un rapport non consenti » précise-t-elle.
8 septembre 2018 : Laurianne Deniaud continue : « un mail a été envoyé au maire signé de 5 élu(e)s afin de réaffirmer notre attachement au séminaire de formation autour des questions égalité femme-homme, et notamment des violences sexuelles, et notre volonté de voir un plan conséquent de formation mis en place. Le séminaire demandé avec insistance n’a jamais eu lieu (...) nous avons juste eu une réunion de quelques heures. (...) Le climat à la mairie y a d’ailleurs été évoqué sans qu’aucune réponse n’y soit apportée ».
Gaëlle Bénizé-Thual : « une réunion visiblement destinée à nous piéger »
Dans son allocution, Gaëlle Bénizé-Thual évoque le dénigrement, et un silence assourdissant : « Nous avons agi uniquement en vue de faire avancer le problème. À chaque fois que nous avons demandé ce qui avait été fait, nous nous sommes heurtées a un mur, à chaque fois on nous a dit que s’il n’y avait pas de plainte, il n’y avait pas de sujet, il n’y avait pas d’affaire ». Elle rappelle alors : « Nous étions les cibles de rumeurs et de dénigrement. Le silence a été assourdissant ». Jusqu’à cette réunion du 6 mai 2019, où l’adjointe dit avoir été convoquée à une réunion d’adjoints socialistes. Elle se souvient : « lors de cette réunion nous n’avons pas choisi de parler du sujet, c’est le maire qui l’aborde et qui lance la discussion, parlant de rumeurs sur une agression sexuelle, sur un conflit entre deux adjoints. Ce sont deux adjoints proches de Martin Arnout qui donneront son nom et celui de la victime présumée, et enjoindront les femmes, les confidentes présentes à s’exprimer ». Gaëlle Bénizé-Thual explique ensuite comment un mail est établi dans les minutes suivant la réunion par le directeur de cabinet du maire, « qui a servi de prétexte au dépôt de plainte de Martin Arnout » au terme d’une réunion « visiblement destinée à nous piéger ». Elle conclut : « la réaction du maire depuis un an et son absence de soutien à Laurianne Deniaud sont largement insatisfaisants et même préoccupants. Son communiqué glacial d’hier l’est encore davantage, aucun mot d’empathie pour la victime présumée ».
Catherine Rougié : « un employeur a des obligations »
Catherine Rougié assure avoir confiance en la justice et être attachée à la présomption d’innocence. « Un employeur a des obligations » affirme-t-elle . « Nous avons découvert il y a quelques jours que le maire a saisi la procureure avec un article 40, plus de 10 mois après que la victime potentielle lui ait confié devant témoins ses souffrances et une relation non consentie ». Elle poursuit : « comme la loi l’exige pourtant, aucune enquête interne sérieuse objective et impartiale n’a été réalisée ».
Gaëlle Betlamini-Da Silva : « je suis celle qui a parlé »
La conseillère municipale Gaëlle Betlamini-Da Silva a conclu la conférence de presse en révélant qu’elle était la victime présumée : « je suis celle qui a parlé, parlé pour survivre, pour trouver aide et soutien. Avant c’était le silence pour préserver ma famille, mes enfants, mon mari, ne pas les exposer à davantage de souffrance. Ma priorité pour moi était de me reconstruire (...) Je me réserve le droit de porter plainte au moment qui me semble opportun, ma vie m’appartient »