Eiffage et la Ville de Saint-Nazaire testent pour la 1ère fois en France une voirie lourde 100% perméable
L'expérimentation est menée dans le cadre du projet hélyce+, sur une portion de chaussée de 50 mètres de long, située route de la Côte d'Amour.
Bluffant. Ce mardi 29 avril, les équipes de l'agglomération de Saint-Nazaire, et les ingénieurs et techniciens d'Eiffage, ont présenté une impressionnante innovation menée main dans la main, en matière de transition écologique. L'expérimentation vise à se rapprocher le plus possible du cycle naturel de l'eau, en cas de précipitations normales, ou lors de situations météorologiques extrêmes, pour répondre ainsi aux enjeux de préservation de la ressource. Si la technique utilisée a déjà été testée dans d'autres communes sur des voies destinées aux véhicules légers (comme à Nantes), c'est la première fois qu'elle est expérimentée sur une voirie lourde, où circulent plus de 5000 véhicules par jour, dont des bus et des poids-lourds. Pour prouver l'efficacité du dispositif, plusieurs tonnes d'eau de récupération ont été déversées en quelques secondes. Et directement avalées. Explications.
Une chaussée réservoir qui répond à différents enjeux
Un laboratoire à ciel ouvert s'était installé au niveau du 37 route de la Côte d'Amour ce mardi matin. Des camions citernes avaient été remplis à ras bord pour recréer en temps réel différentes conditions de précipitations. « Nous croyons à la Science. Nous nous autorisons à tester, et à aller toujours plus loin dans l'innovation » insiste le maire David Samzun sur place. La démonstration en 4 phases visait à simuler en temps réel une situation de pluie décennale, cinquantennale, ou moyenne, sur la voirie, et sur la piste cyclable. Pour la partie visible, des tonnes d'eau ont été absorbées en quelques mètres et en quelques secondes seulement par le revêtement 100% perméable. La partie invisible se situait quant à elle sous la chaussée. Où une structure réservoir d'1m d'épaisseur, et composée de matériaux granulaires, permet à l'eau de s'infiltrer progressivement jusqu'aux nappes phréatiques, sans passer par les réseaux habituels. « Cette installation évite la pose d'un bassin de rétention habituellement utilisé, et répond à plusieurs enjeux : limiter les canalisations et les rejets en mer, par une infiltration directe dans les sols d'une eau épurée tout au long de son trajet. Faire béneficier directement les 500 arbres plantés le long de la route de cette ressource. Améliorer la qualité d'usage, par exemple pour les cyclistes, en supprimant les flaques d'eau » insiste Christophe Cotta, Adjoint à l'Urbanisme.
Une première sur voirie lourde
La portion choisie pour cette expérimentation s'étend de façade en façade, sur les trottoirs et voiries en béton et enrobé poreux, et au niveau des places de stationnement équipées de pavés et joints drainants. Le choix de cette portion de la route de la Côte d'Amour n'est pas anodin. En bas de la pente, les habitants ont déjà subi des inodations lors d'importants épisodes pluvieux. Le test nécessitait également un alignement droit avec une pente en longueur, relativement éloigné des stations où les effets de freinage et accélération des bus multiplient les effets mécaniques sur la chaussée. Et ce sont justement ces forts effets mécaniques au passage des bus, ou des balayeuses, qui seront étudiés dans le temps. La robustesse et la résistance de la chaussée pourra être mesurée dans quelques années avant de déterminer si la technique peut être déployée sur d'autres voiries lourdes, et sur des secteurs sensibles à identifier. Cette technique entraîne un surcoût de 30% pour la voirie. Reste encore à calculer, l'un dans l'autre, les économies réalisées dans le budget assainissement par la réduction des canalisations.
La qualité et la quantité d'une ressource à préserver
L'expérimentation s'inscrit dans le cadre du projet hélyce+ lancé en 2022, et qui représente un investissement de 160 millions d'euros. « Il illustre la nouvelle manière de faire la ville » souligne Christophe Cotta. « C'est un signal fort en faveur de la transition écologique » insiste David Samzun. La capacité de cette “chaussée réservoir” atteint jusqu'à 700 m3 d'eau, soit la consommation annuelle en eau potable de 5 familles. Le maire espère « faire du territoire un modèle d'inspiration pour d'autres villes qui cherchent, elles-aussi, des solutions alternatives de gestion des eaux pluviales ». Plus qu'un déchet à évacuer, l'eau de pluie est directement réutilisée dans les aménagements verts sur place. Ville du littoral, Saint-Nazaire est également particulièrement attentive à l'impact des inondations sur la qualité des eaux de baignade. On saura dans quelques années si cette expérimentation de station d'épuration naturelle, est l'une des solutions à développer pour y remédier.