Grève des Ehpad à Saint-Nazaire et en France
Comment en sommes-nous arrivés là ? Entretien avec Bernard Sculo, infirmier en dialyse à Saint-Nazaire et secrétaire adjoint CGT.
© Photo : Saintnazairenews.fr
Le mouvement de grève qui touche mardi 30 janvier les Ehpad de la France entière résonne comme un véritable cri d’alarme : infirmier(e)s et aides-soignant(e)s déprimés subissent chaque jour des cadences infernales dans des maisons de retraite où dignité, respect des aînés et respect des soins hygiéniques les plus élémentaires seraient de plus en plus impossibles à suivre.
En Allemangne, 1 soignant par résident
Bernard Sculo, infirmier en dialyse à Saint-Nazaire et secrétaire adjoint de la CGT ne cache pas son désarroi : « On vit aujourd’hui plus vieux, mais en moins bonne santé. Les pathologies apparaissent très vite après l’entrée en maison de retraite, c’est totalement différent d’il y a 20 ans où les résidents arrivaient en relative bonne santé. Le manque d’effectif ne nous permet plus d’accueillir dignement nos aînés. » Les témoignages des familles et personnels qui affluent sur internet ces derniers jours renforcent le malaise : des résidents qui restent en chambre et ne sont plus levés tous les jours, la toilette expédiée en quelques minutes quand la formation théorique des personnels préconise 40 minutes, une douche tous les 15 jours, un bain tous les mois, des aînés parfois dénutris car on n’a plus le temps de rester avec eux pour qu’ils s’alimentent convenablement. Sans compter les économies rognées sur tout : nourriture, nombre de protections… Et les infirmier(e)s et aides-soignant(e)s qui craquent… « Beaucoup changent de métier avant 10 ans » confirme l’infirmier. « Ils restent 4-5 ans dans un même établissement, espèrent trouver de meilleures conditions ailleurs, puis s’aperçoivent que la situation est la même partout. Déprimés, désabusés, résignés, ils abandonnent la profession. » Bernard Sculo regrette qu’aucun gouvernement n’ait saisi la gravité de la situation contrairement à l’Allemagne où on compte désormais 1 soignant par résident.“Les 50 millions alloués supplémentaires restent insuffisants”
« Cela représente globalement 1/3 agent par maison de retraite… Largement en-dessous des besoins réels pour assurer une mission humaine auprès des aînés. » Les familles sont elles aussi conscientes au quotidien de la situation critique. Bernard se souvient « Il y a un an et demi, les familles et le personnel en colère ont envahi le conseil d’administration de la résidence Le Ponant à Saint-Nazaire. La direction leur a simplement proposé de partir ailleurs s’ils n’étaient pas satisfaits. Les enfants qui visitent leurs parents sont en colère mais démunis, ils essaient de se battre, et puis malheureusement un jour leurs parents meurent, ils ne sont plus concernés, il n’y a pas de suivi. Nous sommes pourtant tous concernés, nous vieillirons tous un jour. »
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