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Publié par Soizick David, le 07 Mars 2025 à 14:59

Saint-Nazaire : rencontre avec l’opposition, 1 an avant les municipales

Aucun nom de candidat n'est pour l'heure annoncé, mais le collectif M26 travaille activement avec le NFP sur un programme d'union de la gauche.

Dans un an, les Nazairiens seront appelés dans les urnes pour élire leur maire. En 2020, un taux d'absention record de plus de 68% avait marqué le second tour des élections, en plein COVID, avec la droite éliminée au 1er tour. Le maire sortant David Samzun avait été réélu avec 57,15% des voix, face à la liste d'union de la gauche Ensemble, Solidaires, et Écologistes menée par Pascale Hameau. Depuis, le discours des 10 élus d'opposition siégeant au Conseil municipal n'a pas bougé : ce sera l'union avant tout, mais sans le PS Nazairien, « qui s'est exclu lui-même de cette union en 2020 » rappellent Gaëlle Bénizé-Thual (ex PS) et Magali Fenech (EELV), co-présidentes du groupe d'opposition municipale. Entretien.

Entre le NFP et le collectif M26, les parallèles se rejoignent ?

Nous ne désignerons pas de tête de liste avant d'avoir construit notre programme, nous sommes au travail sur un projet. Sur l'échiquier nazairien, on retrouve en parallèle le NFP, issu de partis politiques et associations, et depuis 2 ans le collectif de citoyens M26. Les parallèles se rejoignent maintenant officiellement. Une grande réunion a été organisée avec les représentants des partis et associations du NFP, et de M26. Il a été acté collectivement que pour les Municipales, tout le monde se mettait ensemble autour de la table. Et depuis, on travaille.

Que faut-il retenir de ces 5 dernières années dans l'opposition ?

C'est un peu inconfortable, pour David Samzun, de se dire de gauche et de tendance écologiste, mais d'avoir dans son opposition des gens de gauche et écologistes. Donc il nous caricature. En nous qualifiant de gauche radicale décroissante, et en nous assimilant soit à la France Insoumise, dont nous ne sommes pas, soit à Sandrine Rousseau, parce que c'est facile. Il faut rappeler qu'il n'y a pas d'Insoumis dans l'opposition municipale actuelle. Sur les 10 élus, 2 sont EELV, 2 PC, et les 8 autres ne sont pas encartés. Nous sommes véritablement militants de l'union de la gauche. Ce n'est pas le cas du PS Nazairien qui s'en est exclu lui-même. Nous ne ferons pas campagne contre David Samzun s'il se présente, mais pour l'union de la gauche.

Vous avez obtenu en décembre dernier la mise en place d'une Mission d'information et d'évaluation sur la Tranquillité publique, composée de 6 élus de la majorité, et 3 de l'opposition. Ce sera un sujet de campagne ?

Ce sera un enjeu dans notre campagne. Pour la première fois, notre demande de Mission d'information a été acceptée par la majorité. Mais nous connaissons déjà une grosse déception : nous ne pourrons auditionner que les élus et les techniciens de la mairie de Saint-Nazaire, avec le comité de prévention de la délinquance. Faire intervenir des experts extérieurs nous a été refusé. Or nous pensons que sur ce sujet épineux, les élus ne sont pas experts, et ont besoin d'être accompagnés. Il aurait été bon d'avoir le regard de spécialistes, de sociologues dont c'est le métier, de consultants qui interviennent auprès des collectivités, ou aussi de maires de communes portuaires avec les mêmes problématiques. C'est dommage, cela aurait pu leur servir aussi. Heureusement, cette mission va nous donner accès à des chiffres pour situer la ville.

De plus en plus de communes arment leurs policiers municipaux, qu'en pensez-vous ?

C'est justement pour cette raison que nous demandons ce genre de mission, avant d'émettre un avis. Normalement, le rôle d'une Police municipale est de faire appliquer les arrêtés du maire et la tranquilité publique. Et non pas la sécurité qui est du ressort de la Police nationale. La Police municipale n'a pas à avoir d'armes létales, mais s'il est montré qu'elle est en danger, il faudra lui donner les moyens de se defendre. On voit bien cette évolution, de plus en plus de communes y viennent. Une distinction doit également être faite entre insécurité et sentiment d'insécurité. Ce sentiment ne doit pas être négligé, sans oublier de mettre un gros accent sur la prévention, c'est notre ADN.

Plusieurs membres de l'opposition municipale figuraient sur la liste de David Samzun en 2014. Il leur reproche de changer d'avis sur certains sujets depuis qu'ils ont quitté sa majorité, comme vous Gaëlle Bénizé-Thual

En 6 ans, en 10 ans on n'a pas le droit de changer d'avis ? Un ancien collègue de la Région m'a rappelé qu'il y a 20 ans, j'avais voté pour une bassine en Vendée, alors qu'aujourd'hui je m'y oppose. On a le droit d'écouter les scientifiques, d'évoluer, d'échanger, et de développer une position commune qui n'est pas celle d'il y a 10 ou 20 ans. J'ai aussi 3 filles qui font des études, qui me font réfléchir. J'écoute leurs inquiétudes sur l'avenir, et sur l'environnement, il y a un vrai sujet. 

Justement, que pensez-vous de la “Ville-Jardin” ?

C'est de la communication. Rue Albert de Mun, je vois surtout des pavés, qui sont certes très joli, mais pour lesquels on a commencé par couper des arbres. Le message n'est pas bon. Une “ville-jardin”, c'est faire en sorte que dans chaque rue de Saint-nazaire, on fasse baisser la température en plein été, avec des arbres, en désartificialisant, en créant un autre Jardin des plantes ou Parc paysager. En 2020, la liste Saint-Nazaire ensemble proposait un parc au Petit Maroc. On voit qu'il va être créé. L'idée n'est donc pas tombée dans l'oreille d'un sourd, tant mieux pour les Nazairiens.

Pour créer un parc, il faut aussi de la place, on en vient donc à la thématique du logement

David Samzun n'a pas su la résoudre. 70% des Nazairiens sont éligibles aux logements sociaux. Or sous-couvert d'en avoir 30%, que fait-il des 70% restants ? Le message délivré est plutôt l'attractivité à tout va. Loi Pinel. Investissement immobilier…Prenez les présentations de programmes immobiliers en construction qui affichent “idéal investisseur” comme argument de vente. Pourquoi ? Parce qu'on a mis des 4 par 3 dans le métro de Paris, parce qu'on se gargarise de classements de magazines, qui ne sont pas des classements de bon vivre, mais des classements de bien investir. La question est de savoir à quel prix on construit, et pour qui on construit. Pour les nazairiens ? Il existe bien actuellement des projets intéressants avec mixité sociale. Architecturalement parlant aussi, comme à Gavy. Mais les 30% de logements sociaux ne sont qu'une caution, et le reste relève du grand standing. Est-ce vraiment pertinent ?

Faut-il mettre à contribution les gros employeurs du bassin, comme le propose aussi le candidat Julio Pichon ?

Certaines entreprises le font. Les Chantiers ont une vraie reflexion à avoir sur ce sujet, en construisant ou achetant pour loger leurs salariés. Il existe des zones urbaines où la situation est très compliquée. Dans les stations balneaires, où les saisonniers ne peuvent pas se loger, des moyens sont mis en place par des entreprises, ou par les régions. Une piste intéressante serait également de garder la maîtrise du foncier en le louant, et de construire dessus. C'est par exemple l'option choisie pour la future EPF, avec un foncier qui appartient à la commune.

Vous évoquez la CARENE, le sujet du cumul des mandats est-il toujours d'actualité, Gaëlle Bénizé-Thual ?

Cela ne bouge pas. Nous sommes opposés au cumul des mandats exécutifs, par exemple Adjoint à la Ville, et Vice-Président du Département. C'est beaucoup, on ne dort pas, ou alors on délègue. Je l'ai fait, c'est mon retour personnel. Il n'est pas bon non plus d'être dans la politique à plein temps si on ne veut pas être déconnecté. Au niveau national, le statut d'élu doit être réétudié, pour faire en sorte de garder une activité professionnelle. Nous avions déjà travaillé en ce sens en 2020. Si vous prenez l'exemple de Nantes, à l'exception des 3 premiers adjoints, les autres travaillent à mi-temps à côté, et ont une indemnité bien moindre.

Quel regard portez-vous sur le centre-ville Magali Fenech ?

La grande erreur est d'avoir changé constamment d'avis sur le centre-ville, en le déplaçant vers le Paquebot, puis le port, puis le front de mer. Le Théâtre s'est construit à côté d'un supermarché, sans vision d'ensemble. Nous sommes les héritiers de 2 choix : un centre-ville éparpillé, et le développement des zones commerciales. Pour revenir en arrière, il faut une réflexion longue et collective avec tous les Nazairiens. Cela ne peut pas s'inscrire dans un programme. J'observe aussi des expériences de piétonnisation en Italie, en Espagne, ou à Aubagne. La volonté de piétonniser tout en développant des transports en communs gratuits a permis de relancer le commerce de proximité.

Et vous Gaëlle Bénizé-Thual ?

Le Ruban Bleu s'est développé en misant sur une zone de chalandise de 200 000 personnes. C'est une erreur d'appréciation, car des zones commerciales se sont développées en parallèle à Saint-Nazaire, Trignac, Saint-Brévin, Savenay… Je travaille à Campbon, mes colllègues font leur shopping à Savenay ou à Nantes, mais pas à Saint-Nazaire. Ce n'est pas leur destination. Concernant les différentes zones de commerce du centre-ville, on peut en avoir plusieurs, mais à condition qu'un lien soit établi entre elles, pour donner l'envie d'aller plus loin.

Vous évoquiez la question des transports pour se rendre en centre-ville ?

Le projet HélYce est du ressort de la Carène, pas de la Ville de Saint-Nazaire. Mais il faut reconnaître que certains secteurs ne sont pas assez desservis à l'Immaculée, Saint-André-des-Eaux, Pornichet. Je m'attendais à le voir se déployer vers ces communes. Depuis la gare de Saint-Nazaire, et depuis le Petit Caporal, c'était possible. Des habitants ne sont toujours pas desservis, ou une seule fois par heure.

Quelles sont les problématiques de santé à résoudre à Saint-Nazaire ?

Le bail emphytéotique de l'Hôpital est un sujet transpartisan. Deux autres volets méritent réflexion :  l'accès au soins (manque de médecins généralistes), et la santé environnementale. Concernant la suricidence des cancers, on ne peut pas se contenter de la reponse de l'ARS sur “les ouvriers qui fument et boivent”. C'est un peu gros, sachant qu'on a des dérogations sur les chantiers pour le chrome VI et d'autres substances démontrées comme cancérigènes. L'opposition municipale était contre le projet de maison de santé place des Martyrs, qui relève plus de l'investissement immobilier. Cela ne pouvait qu'attirer les médecins déjà existants sur le territoire. Résultat des courses, l'immeuble est vide à part un spécialiste du sommeil, et bientôt une mutuelle et une crèche. Salarier des médecins comme dans d'autres communes ? Nous n'y sommes pas opposés.

Le député LFI de la circonscription Matthias Tavel est très actif sur plusieurs sujets locaux, aura-t-il un rôle à jouer dans les municipales ?

Il est très présent sur le terrain, notamment sur l'hôpital de Saint-Nazaire. C'est à lui qu'il faut poser la question d'une cadidature. C'est un homme brillant, comme beaucoup de personnes très intéressantes au sein du collectif M26 ! Une fois encore, c'est le collectif qui décidera. Nous avons conscience qu'une élection municipale s'incarne et se gagne avec une tête de liste, mais ce n'est pas encore le bon moment.

David Samzun n'a pas encore annoncé qu'il se représentait, Denis Lambert était déjà candidat en 2020. Que pensez-vous du nouveau candidat RN Julio Pichon, ex Les Républicains ?

Nous avons lu son interview dans Ouest France. Il a abandonné les marqueurs du parti, comparé aux discours que pouvait tenir Gauthier Bouchet, qui était vraiment sur une ligne RN. Nous ne ressentons pas le Rassemblement National dans cette interview, cela pourrait être celle d'un candidat Les Républicains.

Si votre liste était cependant au second tour face à la sienne et à celle de la majorité actuelle ?

Il faudrait choisir entre un retrait ou une union avec la majorité actuelle.

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