Budget 2026 à Saint-Nazaire : une équation de plus en plus serrée
Présenté ce vendredi 19 décembre en Conseil municipal, le budget primitif 2026 de la Ville de Saint-Nazaire a été adopté, mais sans les voix du groupe d’opposition.
Ce vendredi 26 décembre, a été adopté en conseil municipal le budget primitif 2026, avec une présentation des grandes lignes par l'Adjoint aux Finances Xavier Perrin. Dès le début, celui-ci a planté le décor. « Pour la deuxième année consécutive, le budget s’est préparé au milieu d’incertitudes nationales pesantes » souligne-t-il, en rappelant une loi de finances 2026 qui « ampute massivement, brutalement, unilatéralement » les capacités d’action de la commune.
Un budget présenté comme victime de la loi de finances
Pour la majorité, le cœur du problème est clairement identifié. « C’est près de 8 millions qui manquent à notre épargne » pose d’entrée Xavier Perrin. Il chiffre à 4,6 millions d’euros la perte de « capacité à faire » imputable, selon lui, à la loi de finances 2026. Et il attaque frontalement l’exécutif. « En nous privant de nos leviers de financement, l’État, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron depuis 2017, transforme nos communes de France en sous-traitants maltraités » assène-t-il. La dotation globale de fonctionnement (DGF) illustre cette tendance. Elle passera de 10,3 M€ en 2017 à 9,1 M€ en 2026, soit 1,2 M€ de moins sur la période, et 6,4 M€ de manque à gagner cumulé. À cela s’ajoute le coup de rabot prévu sur les compensations fiscales versées aux communes, notamment sur les impôts de production payés par les entreprises. « Dans le projet de loi de finances 2026, une mesure propose un coup de rabot de 25 % de cette compensation. D’un claquement de doigt, l’État nous prive de près d’un million d’euros » insiste encore l’adjoint.
Recettes, dépenses et associations… Des arbitrages serrés
Les recettes de fonctionnement augmentent de +1,8 % en 2026. A noter par exemple la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, qui rapportera 2,7 M€, tandis que la taxe sur les éoliennes générera 1,3 M€. Les compensations fiscales sont, elles, estimées à 4,2 M€, mais leur pérennité est directement menacée par les choix budgétaires de l’État. Les dépenses réelles de fonctionnement atteignent 121 M€, en hausse de 3,7 %. Un chiffre à relativiser, selon Xavier Perrin. « Si nous enlevons ce que l’État nous impose, nos dépenses ne progressent que de 0,3 %, ce qui est largement inférieur à l’inflation » présente-t-il. Reste un point particulièrement sensible, les subventions aux associations, fixées à 7,8 M€, soit 460 000 € de moins qu’au budget 2025 (-5 %). « Les situations de chacune ont été étudiées au cas par cas » précise l’adjoint, alors que de nombreuses structures culturelles, sportives ou de jeunesse subissent déjà des baisses de financements régionaux et départementaux.
Épargne, investissements et dette
L’épargne brute de la Ville s’élève à 13 M€, l’épargne nette à 3 M€, « en diminution significative » selon la majorité. En investissement, plusieurs opérations majeures sont maintenues, mais parfois décalées. « Le plan stratégique municipal a été à nouveau ajusté à la baisse » reconnaît Xavier Perrin, citant la nouvelle école dans les quartiers ouest, le pôle médical de Méan-Penhoët ou encore le gymnase de Reton, autant de projets « qui glissent dans le temps ». Pour 2026, 30 M€ seront consacrés au patrimoine (toiture de la base sous-marine, travaux dans les écoles, réserves muséales, équipements sportifs, achèvement de la maison de quartier de la Bouletterie et du site d’animation pour personnes âgées, rénovation énergétique…). Parallèlement, 15,2 M€ sont prévus pour la voirie et les espaces publics (entretien des chaussées et trottoirs, éclairage public, front de mer, parc paysager, espaces du Petit Maroc, boulevards Leferme, Zola et Liberté). La dette par habitant poursuit quant à elle, sa progression : 581 € en 2013, 750 € en 2018, 945 € en 2024, 1 217 € en 2025, et 1 500 € attendus en 2026. La Ville met néanmoins en avant une capacité de désendettement de 8 ans et 6 mois, et rappelle que, selon la charte Gissler, 100 % de sa dette est classée en catégorie 1A, c’est-à-dire au niveau de risque le plus faible.
L’opposition dénonce un budget qui fragilise le tissu associatif
Au nom du groupe « Ensemble solidaires et écologistes », dont plusieurs membres figureront sur la liste « Ensemble, soyons Saint-Nazaire » menée par Violaine Lucas, Yvon Renévot a justifié le vote contre le budget. « Les chiffres du budget 2026 pour la ville de Saint-Nazaire sont préoccupants » commence-t-il. S’il partage le constat d’une mise à contribution « scandaleuse » des collectivités pour le remboursement de la dette publique, l’élu insiste sur les conséquences locales des arbitrages municipaux. « Le budget 2026 aurait dû donner un signal fort de soutien au tissu associatif. C’est le contraire ». Après une première baisse de 500 000 € des subventions au printemps, la nouvelle réduction de 460 000 € est jugée inacceptable. « Ce sont une nouvelle fois les associations culturelles, sportives et de jeunesse qui sont les plus touchées, alors même qu’elles subissent déjà des baisses drastiques des financements régionaux et départementaux ». Pour Yvon Renévot, « le budget de fonctionnement n’est pas un coût, c’est un investissement social ». Il appelle la Ville à « ne pas se contenter de gérer la pénurie », estimant que « des choix différents étaient possibles », notamment sur certaines charges générales, et souhaite que « les communes passent de la résistance à l’offensive » face à l’État. En cohérence avec ces positions, le groupe a voté contre le budget primitif 2026. Dans la foulée, Violaine Lucas, a repris le débat à son compte dans un communiqué adressé à la presse. Elle déclare que certes David Samzun a vivement critiqué les coupes opérées par les gouvernements macronistes dans les finances locales, mais elle lui reproche également une « amnésie sélective », rappelant qu’il avait déclaré il y a un an que, « député, il aurait voté le budget » défendu alors par François Bayrou. « Le même budget qui a donc privé de 6 millions d’euros la ville et l’agglomération ! » accuse-t-elle.
