Saint-Nazaire : plusieurs ouvertures annoncées au centre commercial de Kerlédé
Des installations sont en cours, et un projet de fresque artistique a été présenté. Si habitants et commerçants se réjouissent de ces arrivées, des interrogations subsistent sur la nature et la pérennité des commerces annoncés.
Construits dans les années 70, le quartier de Kerlédé et son centre commercial ont fait l'objet dès avril 2023 d'une annonce de projet immobilier et de réhabilitation, avec un transfert du centre commercial de Kerlédé sur le site actuellement occupé par le groupe scolaire Jean Zay. Mais la réflexion remonte à plus loin encore, lancée dès 2018 par les commerçants eux-mêmes pour redynamiser l'activité. Les problèmes de point de deal, et le départ de nombreux commerçants, ont mis à mal année après année l'activité du centre, qui semble aujourd'hui comme coupé en deux. Avec un côté animé près du tabac-presse et de la pharmacie, et un point froid à l'entrée opposée allée des Pingouins. La Sonadev qui est entrée dans le syndic de co-propriété en rachetant de nombreuses cellules commerciales, s'apprête à installer plusieurs nouvelles activités. Temporairement, avant une destruction et un déménagement annoncés à l'horizon 2030.
Un besoin de lien social
Il est 11h un vendredi matin, et on ne peut pas dire qu'il y a foule près de l'ancienne boulangerie. « Autrefois, je croisais 30 personnes pour aller chercher mon pain. Je suis arrivé dans le quartier il y a 40 ans. Je me souviens qu'au Faisan Doré, il fallait mettre des chaises devant la vitrine pour patienter pendant la queue » témoigne un passant âgé. La population a vieilli au même rythme que le quartier, les nouvelles familles des années 70 sont restées, mais sont aujourd'hui à la retraite. « Beaucoup n'ont pas de moyens de locomotion. Ils ont surtout besoin de commerces de proximité ouverts tous les jours, où ils peuvent venir entretenir le lien social. Beaucoup s'arrêtent juste pour parler » constate Brigitte, habitante du quartier depuis 1992, en regardant sceptique les panneaux d'annonce d'ouverture. Car dès ce printemps 2025, de nouveaux arrivants viendront animer les cellules vides. La brasserie La Nazairienne reprend l'emplacement du Faisan Doré, un atelier d'imprimerie et de linogravure ocupera le local d'un ex fleuriste, un boulanger bio sera ouvert plusieurs fois par semaine dans l'ancien bébé cash. Un petit local accueillera des cafés couture, et un courtier en assurances est annoncé dans l'ancien salon de toilettage des “griffes aux poils”. Le tabac-presse vient également de changer de propriétaires.
Un projet de fresque artistique
Le 14 février dernier, la Sonadev organisait dans le centre commercial une rencontre avec les nouveaux et anciens commerçants, en présence des 2 élus Jean-Luc Séchet (Adjoint au Commerce et à la tranquilité publique), et Michel Ray (Adjoint à la culture). L'idée était de présenter un projet de fresque street art de l'artiste RKDM. Si l'idée plait sur le fond, elle ne plait pas forcément sur la forme. « Le coût de cette fresque serait de 24 000 euros. C'est de l'argent public, pourquoi ne pas payer quelqu'un de local, ou faire appel aux artistes de la maison de quartier. Le projet présente de grands motifs géométriques colorés sur les sols et murs. Je n'ai pas envie de bloquer, mais je souhaiterais aussi quelque chose plus en cohérence avec les personnes âgées qui ont des problèmes visuels et risquent de trébucher. Il y a un vrai problème de concertation et de cohérence » constate Patrick Rongier, propriétaire de l'école de crêperie Le Roïc. La fresque serait éphémère, et disparaitrait inévitablement dans quelques années avec le déménagement du centre commercial. Une assemblée générale du syndic devra décider ou non de sa pertinence.
Une dévalorisation de certains commerces historiques
Patrick Rongier a installé en 2017 son école de crêperie dans le centre commercial de Kerlédé. Propriétaire de ses murs, il est plutôt amer. « La Ville veut revitaliser après avoir elle-même désertifié, essentiellement par manque de vision du projet futur. Si je veux m'arrêter, je pourrai louer mon local 350 ou 400 euros par mois maximum. Contre 800 il y a quelques années » compte-t-il. La Sonadev, désormais propriétaire de nombreuses cellules commerciales à Kerlédé, promet sur son site internet « des locaux à louer à partir de 60€/an/m2 ». Dans le centre commercial, malgré les panneaux de présentation du projet global du quartier récemment repositionnés en vitrine d'une cellule vide, les clients continuent à s'interroger, restent confus, et déplorent encore un flou dans la communication. De son côté, Patrick Rongier a décidé d'ouvrir un point de vente de crêpes et de galettes, « pour créer du lien avec les personnes qui en ont besoin ». Un point presse a été rapidement évoqué à la fin du mois de décembre pour mieux expliquer le projet, pour l'instant sans de suite donnée. Contactée, la Sonadev n'a pour l'instant pas donné suite à nos sollicitations.
