Saint-Nazaire : polémique autour d’une aide de 2,5 millions d’euros à une école supérieure privée
Saint-Nazaire Agglomération a voté le versement de cette subvention pour la construction du futur bâtiment de l'école d'ingénieurs EPF.
Présentée lors du Conseil Communautaire du 2 avril dernier, la convention de soutien à la construction d'un bâtiment de l'enseignement supérieur du privé a divisé les conseillers communautaires de différents bords. Cette subvention d'investissement de 2,5 millions d'euros viendra aider l'EPF à construire son futur campus à côté de l'école des Beaux-Arts. 2 visions de l'accès à l'enseignement supérieur se sont confrontées : si certains conseillers s'inquiètent d'un financement au détriment de l'enseignement public, le président de l'agglomération David Samzun se félicite de l'implantation d'une école collée aux enjeux du terrioire, et qui diversifie l'offre de formations sur le bassin nazairien.
Rentrée dans les nouveaux locaux en septembre 2025
L'Agglomération de Saint-Nazaire a adopté en 2018 avec la Région un schéma de diversification de l'offre de formation pour proposer des études supérieures à proximité des habitants. C'est dans ce cadre qu'elle accompagne depuis 2020 l'arrivée de l'école EPF, école d’ingénieurs généraliste, déjà présente à Paris-Cachan, Troye, Montpellier et Dakar. Le campus privé est « centré sur l'ingenierie des transitions et fait écho aux enjeux de notre territoire » souligne Béatrice Priou, Vice-Présidente de la CARENE en charge de l'enseignement supérieur. Un coût prévisionnel de 13,5 millions d'euros est annoncé pour la construction du bâtiment de 2 500m2 à côté de l'école des Beaux-Arts, et qui sera livré pour la rentrée 2025. Le foncier acquis par la CARENE a été mis à disposition via un bail emphytéotique d'une durée de 75 ans. La Région versera une aide de 2,5 millions d'euros pour cette construction, le même montant que celui accordé par la CARENE. Le reste est à la charge de l'école.
Le futur bâtiment de l'EPF © Photo : Le Bureau JauneDémocratisation ou pas ?
« Multiplier les offres d'enseignement privé, c'est aussi tarir le service public de l'enseignement » reproche la conseillère communautaire EELV Sarah Trichet-Allaire. « Nous offrons une subvention de 2,5 millions pour un établissement qui facture son année 7000 à 10 000 euros » ajoute-t-elle. La conseillère reproche le manque de visibilité des habitants sur ce qui est attribué au public et au privé, et demande à l'agglomération de fournir "un budget synthétique" pour pouvoir comparer. De son côté, Béatrice Priou souligne que l'école est portée par une fondation à but non lucratif. « Nous serions d'accord pour accueillir plus de filières de l'Université, mais l'Université n'a pas d'argent (…) Pour nous il s'agit de démocratiser l'accès de l'enseignement supérieur au plus grand nombre » ajoute-t-elle. C'est sur cette dernière notion de démocratisation justement que la conseillère Hanane Rebiha revient. « La 1ère discrimination se fait à l'entrée (…) ceux qui n'auront pas les moyens ne pourront pas intégrer cette école » reproche-t-elle. « Il s'agit de répondre aux enjeux du territoire dès à présent, car nous allons manquer d'ingénieurs (…) et l'EPF propose également des formations en alternance » insiste Béatrice Priou. « Certains jeunes partent loin parce qu'il n'y a pas d'offre à Saint-Nazaire Cela nécessite de l'argent, avec des effets induits sur la mobilité, le logement » termine le Président de l'Agglomération David Samzun. l'EPF est installée depuis septembre dans les locaux de l'ancienne école des Beaux-Arts, et devrait accueillir 1 000 étudiants d'ici 2028-2029.