« Accepter de perdre nos enfants » : les réactions de maires du bassin nazairien
Les élus locaux livrent leurs réactions après les propos du général Mandon qui ont secoué le débat national.
Lors du 107ᵉ congrès des maires de France, le mardi 18 novembre 2025, le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, a livré son analyse du conflit russo-ukrainien. Ses propos, évoquant la possibilité d’un affrontement entre l’OTAN et la Russie dans les trois à quatre ans à venir, ont créé la polémique au sein de la classe politique. Le plus haut gradé français a appelé le pays à se préparer à des sacrifices en s'adressant aux maires présents. « On a tout le savoir, toute la force économique et démographique pour dissuader le régime de Moscou (...). Ce qu’il nous manque, et c’est là où vous avez un rôle majeur, c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est (…) Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque (…) Il faut en parler dans vos communes » a-t-il-exhorté. Nous avons demandé ce qu'ils en pensaient à Jean-Claude Pelleteur, maire de Pornichet, Thierry Noguet, maire de Montoir-de-Bretagne, Claude Aufort, maire de Trignac. Sollicité, le maire de Saint-Nazaire David Samzun n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.
La réaction de Jean-Claude Pelleteur, Maire de Pornichet
« Si je comprends que les propos du Chef d’État-Major aient pu interpeller nombre de nos concitoyens, il lui appartient également de rappeler qu’en temps de guerre, la mobilisation de toute une nation — élus, entreprises, citoyens — est indispensable pour défendre nos valeurs et notre liberté. Pour autant, aujourd’hui, la France n’est pas en guerre. Notre pays, aux côtés de ses alliés, doit rester vigilant face aux différentes menaces qui pèsent sur nos démocraties, mais notre priorité collective est, avant tout, de préserver la paix et de tout mettre en œuvre pour la maintenir. C’est, d’ailleurs, pour cette raison que nous devons continuer à apporter un soutien à nos forces armées, à ces femmes et ces hommes qui œuvrent chaque jour pour notre sécurité et la défense de la paix. À Pornichet, cet engagement se traduit notamment par le soutien exprimé lors de notre meeting aérien, qui met à l’honneur celles et ceux qui servent sous nos drapeaux » déclare le maire de Pornichet Jean-Claude Pelleteur.
La réaction de Thierry Noguet, maire de Montoir-de-Bretagne
Le maire de Montoir-de-Bretagne a partagé son irritation. « Il nous demande d’aller dans nos rues pour convaincre les parents « d’accepter de perdre leurs enfants » ? Mais c’est l’exact contraire que nous ferons, Nous ne voudrons jamais de la guerre. Nous ne laisserons pas faire, car nous aimons nos enfants (…) Ces paroles ont pour unique objectif à mon avis de donner plus de milliards à l'industrie militaire. Je pense qu'il est sorti de son rôle, je pensais que les militaires devaient avoir un devoir de réserve (…) Je ne décolère pas de ce genre de message. Comment peut-on adresser un message aussi négatif devant les maires de France, nous envoyer au front pour expliquer la bonne parole à nos usagers, et dire qu'il faut être prêts à faire un sacrifice de nos enfants » s'indigne Thierry Noguet.
La réaction de Claude Aufort, maire de Trignac
Contacté par téléphone, le maire de Trignac Claude Aufort fait référence à l'ouvrage “Pour un catastrophisme éclairé” du philosophe Jean-Marc Dupuy, qui juge dangereux le fatalisme des collapsologues. « Ce que nous vivons relève un peu de la même situation. Nous sommes obligés de prendre en compte la menace existante. Mais il est difficile de se projeter, et de s'imaginer dans un État de guerre. C'est la grande difficulté que nous avons. S'imaginer demain avec les éléments d'aujourd'hui » déclare-t-il. Quant à l''intervention du chef d'état major en elle-même, « il n'a pas à parler stratégie pour les communes. Mais il y a certainement une réflexion à avoir, et nous devons nous méfier d'un discours trop négatif. Nous devons avant tout travailler pour la paix » déclare Claude Aufort.
L'intervention du général Fabien Mandon au congrès des maires de France
Réaction du porte-parole du général Fabien Mandon
Ce jeudi 20 novembre, le porte-parole du chef d'état-major des armées est revenu sur les propos du général Fabien Mandon lors d'une conférence de presse. « Subir une guerre de haute intensité, ça veut dire envisager des pertes. Des pertes militaires, souffrir économiquement... (...) Un pays qui n'est pas prêt à comprendre ça est un pays faible » a-t-il soutenu, en rappelant également que l'intervention du général avait été programmée à la demande des maires de France.
